La critique littéraire du jour (ça va devenir une habitude!) concerne le bouquin d'Alice Donna sur sa jeune soeur Christiane.
Enfin un témoignage de fratrie, c'est plutôt rare et très intéressant. Pour un exemple plus récent, voyez le blog d'Estelle (quoooaaaaa? un lien
Skyblog chez moaaaa???)sur son frère adoré Yoann, et vous constaterez que l'amour fou et la complicité sont là, quoiqu'il arrive.
Ce qui est un peu frustrant dans le bouquin d'Alice Dona, c'est justement que c'est uniquement son aperçu de soeur. On ne sait pas vraiment ce que sa soeur apprend ou sait, elle reste dans tout
le livre une espèce d'entité un peu floue, alors même qu'elle a la parole car c'est une oeuvre à deux voix. C'est un mérite énorme de donner une voix à la jolie Cricri de la couverture mais on
sent bien qu'à un moment la vie a fait que les deux soeurs se sont éloignées (normal quoi!) et que la grande a perdu un peu le contact avec ce qui se passait dans la tête de la petite.
La relation avec la mère est très belle aussi, bien que très exclusive au point que Cricri n'a survécu que quelques mois après son décès. Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de ce
genre de phénomène effrayant. C'est pour ça aussi qu'il faut rendre nos enfants autonomes, ce ne sont pas des animaux familiers qui se laissent mourir après leur maître. Enfin, El, elle préfère
son père, d'abord!
La jalousie de la grande soeur n'est évoquée que du bout des lèvres alors qu'elle est déjà adulte, comme si le fait de passer au second rang quand elle était petite n'importait pas mais que ses
enfants passent après leur tante était insupportable. Elle dit de toute façon qu'elle a voulu devenir célèbre pour changer le regard des autres sur sa famille, de la pitié à l'admiration. Comme
quoi, toute sa vie a été modelée par la naissance de sa petite soeur. C'est une chose importante qu'il faut garder à l'esprit pour nos autres enfants, car s'ils vivent relativement bien
l'existence de leur frère/soeur triso, leur vie est pourtant différente de celle de leurs camarades.
A ce propos, une conversation la semaine dernière avec trois de mes filles de 3è:
-ESpèce d'autiste!
- Ah tiens, vous avez changé de handicap pour les insultes?
- Ben oui madame, avec vous on n'ose plus!
- Mais comment tu sais que la personne face à toi n'a pas d'autiste dans sa famille?
- Ben oui, moi j'en ai, ma soeur, elle est malentendante.
- ...................
- Et moi ma soeur elle vient de rentrer à C. (un IME très connu de la région)
- Ha bon, elle a quoi?
- Une malformation du corps calleux
- (chierie....) Et tu t'entends bien avec ta soeur?
-Bof. En tous cas j'aime pas en parler (avec des larmes plein les yeux )
C'est pas facile d'avoir une différence quelqu'elle soit, c'est pas facile d'avoir un frère ou une soeur handicapée, c'est pas facile d'être un ado.
A côté de ça le mien d'ado (qui est en 6è dans mon collège) a beaucoup embarrassé sa prof d'histoire-géo et éducation civique quand il s'est écrié au moment où elle abordait la loi de 2005: "Mais
c'est génial, ma soeur est trisomique, elle pourra venir au collège ici? "
Ma collègue est venue m'en parler en salle des profs, car elle était très gênée pour lui, avait peur que les autres se moquent, comment peut-on parler aussi librement en public,
blablablablabla.......
Je lui ai répondu: "Que les plus gênés s'en aillent, ça fera de la place pour les autres. Et je suis fière que mon gamin soit aussi à l'aise avec le handicap de sa soeur". Bref, c'est pas gagné!
Pour fini, petit clin d'oeil à ma maman qui dit que je ne lis que des livres sur le handicap. C'est faux: les deux bouquins que j'ai en attente n'ont rien à voir avec le handicap, il y a la
suite des "Piliers de la Terre", et le bouquin que mon amoureux m'a offert pour Noël.
Bref quelques milliers de pages sans trisos!